Ces journées là, on reste chez soi. On se calfeutre. On se dit oh, dommage, si j’avais le courage, j’emmènerai les gamins au bord de la mer. Sur la plage. Avec des pulls, des cirés et des bottes. On s’y voit presque. Marcher le long de l’océan, regarder le paysage, han, dieu du ciel, que c’est joli, toutes ces nuances de gris, et y passer l’après-midi. Ouais, c’est dommage, de pas avoir le courage. Ni l’énergie. But en même temps, hein. C’est pas comme si c’était toujours vachement mieux à l’écrit, ces histoires de balades à travers les dunes, et l’écume neigeuse des vagues, et le vent qui retourne les parapluies, et tout le cirque habituel, non, non, c’est pas comme si dans la vraie vie ce genre d’idée farfelue virait au supplice parce que, par exemple, ça n’amuse pas du tout des enfants, de se tremper jusqu’à l’os en grimpant sur du sable glissant. Ouaip. Figurez-vous. Alors on se dit que c’est pas une question de courage, finalement. Non. On se dit plutôt qu’il y a des illusions perdues en route, quelque part. Et je ne sais pas si j’aime cette idée là, enfin je veux dire, c’est plutôt triste, quand on y réfléchit cinq minutes, tout ce fatalisme. J’ai cassé la magie du rêve. Qu’on vienne plus me raconter de bobards. J’ai l’intuition en étendard. La lucidité comme rempart.
Enfin, disons surtout que je me force à y croire.
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