{Un peu comme lui.
Justement aujourd’hui.
}
Drôle d’effet.
Dois avouer que ça me plaît.
Y a un truc qui s’est décoincé, on dirait.
C’est aussi la première fois que je n’ai aucun moyens. Même pas un. Ni d’avis. Sur rien. Ni souffrance, ni douleur, ni peur. But mille et une envies. Et du désir, aussi. Je ne sais plus ce que je dis. Suis désorganisée, complètement. Désarticulée. Libérée. Elle parle, et je flotte. Lui raconte les rêves, les ascenceurs, et Léon un peu paumé, comme s’il se sentait oublié, Léon qui s’accroche à toutes les branches, Léon et sa nouvelle peur des portes ouvertes, et ça elle laisse pas filer, voyez, {tiens donc, les portes ouvertes, ahem}, et j’admets, oui, je la laisse interpréter, moi je ne veux plus m’em-mêler, plus m’inquiéter, ni culpabiliser, d’ailleurs c’est même plus une question de volonté, hein, c’est un truc spontané, je ne suis plus la même et pourtant je n’ai pas changé, et c’est absolument extraordinaire, vous savez, de ne plus jamais penser au pire qui fatalement devrait arriver. Sans faire exprès. Du tout. En fait, je m’en fous. Considérablement. Je crois que j’ai compris un truc très, très basique. Je crois que j’ai pigé à quel point j’étais déplacée. Je crois que j’ai arrêté de chercher à comprendre ce(ux) qui ne me regarde(nt) pas. Pas mon problème. Suis enfin intéressée par ce(ux) que je regarde(nt), moi. Yallah.
En rentrant de l’école, tout à coup il veut savoir ce que c’est, le suicide, et pourquoi il y a des gens qui font ça, dis, maman, qu’est-ce qu’ils veulent, ces gens là. Han. Nous y voilà. Et il faut bien répondre, n’est-ce pas, et les mots viennent, et ça fait plus mal, ça fait plus rien, quand on se suicide c’est pour arrêter de vivre, petit garçon, et il me dit han, c’est vrai que parfois on a envie de mourir, et puis après on pense à tout ce qu’on n’aura plus, à toutes ces choses formidables dont on devra se priver, trop dommage, hein, bah oui, tu as raison, mon bonhomme, et tu sais, moi j’ai pas du tout envie de mourir, oh lala non, mais dis, et toi, tu as envie de mourir, parfois, ah ben non, pas du tout non plus, oh chouette, but si un jour ça arrive, il faut que tu me le dises, et on regardera pourquoi, toi et moi, et il me sourit, han oui, je sais, maman, c’est comme tu dis toujours, il n’y a pas de problèmes, il n’y a que des solutions, mais comment ça se fait que j’ai toujours peur de m’endormir, ça c’est un problème et y a aucune solution, arf, c’est vachement weird, quand même, de se retrouver à ce point dans l’enfant qui est sorti de mon ventre, alors je lui raconte, again, à quel point j’avais peur de fermer les yeux, quand j’avais son âge, et ces angoisses de mort imminente, et je lui dis qu’encore aujourd’hui, c’est pas facile, facile, de se laisser aller au sommeil, aux cauchemards, et aux rêves… Je lui dis que la vie est belle, quand on aime. Quand on la prend telle quelle.
Sans se poser de questions.
Leave a Reply