Chronique #722 : Recyclage

17 janvier 2006 0 Permalink 0
everyday i write the book – elvis costello
j’aime les supermarchés – once again
Sais pas pourquoi j’ai pas demandé à être livrée ce soir. C’est idiot, complètement, merde alors, si j’avais réfléchi cinq minutes je serais pas là, à attendre un coup de sonnette, nan, à l’heure actuelle je serais entrain de dormir. Ouais. En toute insouciance, et avec le sourire, et jusqu’à l’heure des mamans. Carrément. Pfff, je te jure. Kéconnasse.

Bref.

Matinée chez Monop’. Trop bien. Acheté n’importe quoi tellement j’avais faim, envie de sésame et de sandwiches au crabe, envie que ça croque et que ça craque, faut dire, aussi, hier j’ai rien bouffé, que du jus de poireaux, quelle idée, non mais parfois hein, je me demande.

Anyway.

Vous vous souvenez ? On dit : «{t’as vu la gueule des légumes au supermarché ? quelle honte, faudrait réhabiliter les jardins ouvriers}». Ah, ah, ah.

Ben sans moi.

Cultiver un carré de terre pour installer un potager hiver comme été, je l’ai fait. Oh my gode. Qu’on vienne plus me bassiner avec Jean-Pierre Coffe, jamais. Non mais faut le savoir, hein, planter des tomates {parce que c’est vachement meilleur quand c’est moi qui l’ai fait}, ça demande deux ou trois sacrifices. Suffit pas d’acheter le chapeau de Nicolas le jardinier, je vous prie de croire.

D’abord, il faut bêcher en janvier, laisser la terre geler, et recommencer. Le mieux, c’est de réserver un kiné à domicile – en espérant que le dos pardonne, un jour. Puis, au printemps, hop on sème ses carottes, hop on repique ses salades. Trop fière, vous allez voir ce que vous allez voir, etc, ah ça, c’est sûr, on voit. La neige. Qui tombe. Le jour d’après. Dix centimètres. Les graines pourrissent, plus qu’à recommencer. Si près du but, trop con de renoncer, et puis c’est une question d’orgueil, aussi, vu que t’as prévenu la terre entière, tout le monde t’attend au tournant, alors évidemment. Mais passons. La deuxième fois, c’est la bonne : quelques jours plus tard, il y a des trucs verts qui sortent de la terre. Oh gloire. Oh triomphe. C’est moi Titou les pouces verts. On oublierait presque qu’on n’y est pour rien, du tout, la nature n’a attendu personne, mais bon. Ca fait du bien à l’ego, alors on se fait plaisir.

Sauf que.

Sauf qu’on pense pas aux détails, comme d’habitude. Les limaces, par exemple. On n’y pense pas aux limaces, avant. C’est pas un truc très glamour les limaces. C’est même assez dégueulasse, à vrai dire. Seulement si tu fais pas gaffe, en deux nuits l’affaire est faite, adieu les courgettes. On te dit y a qu’à parsemer la pelouse de coupelles de bière. Alors tu parsèmes. Et tu achètes des granulés bleus. Han. C’est la guerre, les limaces. The bras de fer. Ah. Et il y a les contingences écologiques, aussi. Le PH de la terre. Tu sais, toi, comment ça se mesure, le PH de la terre de ton jardin ? Pas du tout. Mais tu te doutes qu’il doit être un peu acide, comme PH, vu comment ils piquent, les radis sauvés des limaces. Sans parler des carottes. Alors les carottes, ça donne des racines oranges, aux formes bizarres, because of the cailloux dans la terre – et ouais, c’est ballot hein, fallait tamiser, pas pensé, non plus, et de toutes façons elles sont arrachées trop tôt, les carottes, par ton fils et ses copains, qui s’en bombardent à travers le jardin. Les fraises, ça plaît aux oiseaux. Ca les change des cerises. T’achètes des filets, tu les protèges. Et alors elles se font bouffer par les guêpes. Inutile de préciser qu’à cet instant de l’histoire, le jardin, truffé de pièges écolo, ne ressemble plus à rien. Le reste du monde s’en charge très bien – de te le rappeler, jour après jour, c’est même la première question qu’on te pose, au téléphone. {Hey, bonjour, tu vas bien, et ton jardin ?} Mouhaha. Au moins ça fait rire les gens, toujours ça de pris à la mélancolie… Restait les tomates-cerises, ton dernier espoir. Il y en aura six. Tu savais pas qu’il fallait tailler. Elles ont fait du vert, te dit Jean-Pierre, dans son putain de bouquin à la con qui va finir aux enchères sur e-bay, et ça va pas traîner, non mais.

Je vous jure. Les étalages maraîchers, dans les supermarchés, ça force mon respect.

just the place to be.

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