Je n’aime pas dire du mal des gens.
Mais.
Hier soir, j’étais invitée à un dîner de femmes. Oui, de FEMMES. Incredible, hein. Peuvent pas dire filles, comme tout le monde et Ally Mc Beal ?! Mais passons. Dîner de femmes, donc, au bout de la ligne de tram.
Vous me croirez, ou pas, mais j’en ai perdu ma voix. Une fois là-bas. Ouaip. Suis devenue totally muette. Black-out de moi. Jamais vu *ça*.
La maison n’est pas très jolie, coincée entre deux autres plus belles. Elle me fait entrer, prend mon manteau-mon-sac, et j’ai l’intuition que c’est pas du tout dans le groove de l’épisode que de la rattraper pour extirper mes clopes, et mon briquet. En revanche, picoler, ça à l’air d’être dans leurs normes. Putain. But bref. Pas pu parler. Quoi dire. {Bla bla c’est génial à Notre-Dame de Saint-Antoine, ils font anglais et espagnol en maternelle, à même pas quatre ans Maxence compte jusqu’à 20 dans les deux langues… oh lala vachement bien… blabla mon mari adore la course automobile… regarde Taxi en dolby surround… mais on n’a pas la télé, pour quoi faire… blabla Victoire est très insolente… blabla ça prendrait trois jours à vider le château pour le mariage alors on loue des tentes… blabla chez nous les enfants sont couchés à sept heures, sept heures et demie grand maximum…} etc. Pendant quatre heures. Oui. Quatre longues heures de conversations aussi creuses que les assiettes à soupe dans lesquelles est versé le potage de l’entrée. Commence à m’étonner, by the way, cette histoire de bouffe. A croire qu’elles sont au régime, toutes. Ou bien que la maîtresse de maison l’est au point de ne pas transiger une seule calorie à celles qui dînent à sa table. Allez savoir. C’est pas loin d’être inconcevable. Après la soupe, il y a poisson poché + riz blanc, et même si les couverts sont en argent, j’hésite presque à demander si c’est possible d’avoir du ketchup, mais pas envie de provoc… pour quoi faire… Alors je ferme ma gueule, et je trie mes arêtes. Pas que je sois difficile, ou ce genre de trucs, mais quand même, quand t’es invitée à un dîner pareil, le minimum que tu peux attendre c’est tout de même de te rattrapper dans l’assiette… Anyway. Je n’étais pas préparée à un tel vide. Il n’y a aucune vibration. Aucun point de liaison. Si ce n’est ce vin de famille dont on emplit régulièrement mon verre, {pour une fois qu’on n’a pas besoin d’un homme pour le faire}… sic, sic, et re-sic. Des mandarines pour le dessert, avec des petits gâteaux cuits à l’école par la marmaille, et je presse pour qu’on me raccompagne. Je bouillonne. Je ne vais plus tenir. A un moment, ça va sortir. Sakavomi. Le syndrome iroquois, si vous vous rappelez du film. L’effet du tanin. Mon sempiternel prosélytisme intempestif. Ni le lieu, ni l’endroit. Tais-toi. On y va.
Je rentre, et il faut éloigner ces images, le goût du fade. La tiédeur froide. Le manque d’attraction, d’éclats, de passion, de colère, de désespérance, le rien qui vient du ventre. Arf. Un comble, tout de même, pour des pondeuses pareilles. Ahem. On peut pas tout avoir, n’est-il pas. Les particules élémentaires, et les besoins primaires. Bordel. Jamais confrontée à ce point à cette réalité là. A l’absence, l’abscence d’existence, au manque de présence. Pfiou. Accablant.
Au fil des heures, j’ai la sensation d’avoir rêvé. Aucun lieu d’être. Rien à quoi s’accrocher. Pas la vie, ça, pas la vraie. Pas la mienne. Juste un truc parallèle. Un univers qui se traverse, sans destins croisés. Lisse et sans aspérités. Un truc dont il faut rire, pour lui donner corps et souvenirs. Parce que le rire, c’est beaucoup plus concret, comme effet.
Dans les faits.
Ouais.
Beaucoup plus concret.
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