– La liberté.»
C’est le mot qui jaillit en premier. La liberté. La liberté de n’avoir plus rien à manipuler. La liberté de me refléter. La liberté d’exister comme j’ai envie d’être. La liberté d’être écoutée au delà du premier degré. La liberté surveillée.
Je veux apprendre à me connaître. Je veux des contrats clairs. Je veux la liberté de n’avoir pas à craindre d’être abandonnée, jamais. Je veux un cadre strict, et le respect de la parole donnée. Je veux être prise au sérieux. Qu’on sache à qui on a à faire. Qu’on signe en connaissance de causes. Qu’on n’ait pas peur, et qu’on s’engage à la régularité, sans tricher. Sans mentir. C’est à ce prix que je finirai par me trouver. A force d’endurance. De respect. Et de confiance.
J’ai fait un rêve, et puis un autre, et c’est comme si j’avais donné une fin à ces histoires non terminées, oui, c’est très étrange ce parcours onirique en ce moment, et chaque nuit je boucle une boucle, et c’est vachement pratique comme méthode, je trouve, de vivre through dreams ce qui n’a pas pu être parce que j’ai fini seule à l’appel, oui, c’est very délestant, de visualiser l’intrigue en rêve, et de se réveiller avec la sensation d’avoir assouvi une aspiration récurrente que t’avais du mal à cerner, parce que tu savais pas très bien ce que tu voulais, en vrai. Dans mes rêves les personnages se confondent et je les affronte. Dans mes rêves je dis les choses en face et on m’écoute et on me répond et on me laisse faire et on m’accompagne et on bataille à armes égales, à la loyale. Il y a toujours un écart de taille entre ce qu’on projette et ce qu’on regarde eye-to-eye. C’est là que ça se joue, tout le temps. The Real Deal. La manière dont tu vois les gens. Ce que tu transfères, ce que tu vas percevoir dans ton univers. La déformation que tu opères. Dans mes rêves, je me comprends. J’apprends. Aussi curieusement que ça puisse paraître, je me rapproche du réél. Ce qui est important, ce qui me fait envie, tellement.
Je crois qu’elle m’a cueillie, mardi. En sortant je ne savais pas trop quoi dire. Empty mind. Pouah, pouah, pouah. J’avais sonné pile à l’heure, ou presque. Ponctuelle. Chez ELLE, il n’y avait pas de salle d’attente et ELLE rigolait quand j’arrivais en avance, et que je patientais, assise sur les marches de l’escalier, avant qu’elle m’ouvre la porte. Mardi, j’ai sonné, il y a eu un bzzzz et je suis entrée, obéïssante. Salle d’attente à droite. Cette pièce fait penser à la bibliothèque d’un manoir, ou à la waiting-room chez Freud, à Vienne : il y a des hauts plafonds et des tentures sombres aux murs, des tableaux sous verres, des bibliothèques en noyer foncé et du mobilier sculpté. Des tapis, du parquet. Des magazines littéraires. C’est étrange. J’aime instantanément cette atmosphère intime, feutrée, paisible. Comme habitée de connaissance, comme livrée aux âmes en quête de sens. La barre est haute. Je ne suis pas déçue. J’apprécie, même. C’est confortable. Et puis elle arrive, un peu androgyne, et elle a cette voix insolite. Cassée. Inaudible, presque. J’entre dans la pièce où elle reçoit. L’ambiance est la même. Silencieuse et sereine. Je m’assied en face d’elle, au creux d’un fauteuil que je daterais sans peine si j’étais experte. Mais ça n’est pas le cas. Il n’y a pas un bruit. Elle m’interroge du regard. Alors je raconte. Elle opine. Elle écoute. Et revient cette sensation étrange qu’il n’y a plus rien à ajouter, alors que pourtant elle se tait. Il faut chercher, creuser. Il faut pleurer. Ouche. C’est encore sensible, voyez. J’en oublie même de respirer. L’émotion gagne du terrain, et bientôt il n’y aura plus qu’elle, et bientôt il m’aura fallu trois jours pour réaliser. Pour faire le tour. Voilà, on y est. Elle a pigé. Elle n’a pas bluffé. Elle a joué franc du collier.
Insconscients connectés. Encadrés. Zéro risque de se planter.
Le travail a commencé.
Leave a Reply