{Pas consciemment.}
C’est Elle.
{«…c’est à chaque fois un grand moment, chuchote une voix, et c’est la même que tout à l’heure, une voix froissée, légèrement éraillée, une voix troublante, la voix d’une femme insolite au sourire amusé.»}
C’est tout à fait Elle. Me souviens comment je l’avais imaginée, me rappelle de chaque détail de la scène, et la manière dont elle était habillée, me souviens de cet aura mystique dont je l’avais parée, de son allure, de sa façon de s’exprimer. L’économie des mots, l’intensité du regard, la bienveillance, le trouble qui s’installait. Les cheveux bruns et courts, l’instant où tout s’arrête, parce que tu sais que c’est quelque chose qui va bousculer la vie du personnage que tu as décidé d’incarner. Le moment où il encore temps de reculer. Du moins c’est ce que tu crois, du moins c’est ce que tu veux te faire croire, la grande théorie du libre-arbitre, blabla, mais tu le vois bien, que ton personnage est déjà accroché. Tu sais que l’histoire a déjà commencé. Ton seul choix, c’est d’en rester là. Planter le décor, et basta. Démerdez-vous, les gars. Je bloque toujours au même endroit. Ahem. C’est dingue, n’est-ce pas.
Elle avait un prénom italien, mais elle était française. Belle. Sexuelle. Riche. Egotique. Le genre arrogant. Le genre à parfaitement connaître la comédie des sentiments. Le genre qui contrôle l’accès à ses fêlures. Une femme dure. Mais à ce moment de l’histoire, c’est accessoire. Il faut les confronter. Et la scène se gèle, et c’est terminé. Plus de mots. Sais plus quoi raconter.
Marrant, que ce soit à Elle qu’elle me fasse penser. Physiquement, c’est les mêmes. Tout pareil. Me disais bien aussi que je L’avais déjà vue quelque part, hin, hin. Mais c’est pas les mêmes sentiments. Ni le même contexte, évidemment.
Bon, et à part ça, faut que je change de sujet.
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