Chronique #685 : How Weaning Happens

05 décembre 2005 0 Permalink 0
you and your sister – this mortal coil
under a heavy blow
Je vais bien, pourtant. Enfin pas tant que ça, finalement. Je suis bloquée. Impossible de décompresser. Ben tu croyais quoi, me dit M. au téléphone, joue pas l’étonnée, pas toi, s’il te plaît. Tu es vivante, t’as oublié ?

Moi, j’avais tout programmé. Je n’étais plus perdue, je croyais m’être trouvée. J’ai posé mes valises, j’ai arrêté de fuir, j’ai décidé de m’aimer, j’avais tout organisé pour n’avoir plus rien à craindre de l’intimité, et on allait voir ce qu’on allait voir, non mais sans blagues, puisqu’elle avait jailli, la volonté d’écouter ce que j’avais à me dire, puisque j’étais lassée du brouillard, des dispersions, et des expérimentations. Ouaip. A vrai dire, c’est pas exactement un carton. C’est même carrément à côté de la plaque, j’avais oublié mille paramètres, à commencer par mon histoire, à commencer par le no-man’s-land question dialogue quand il n’y a plus rien pour provoquer la fusion, et voilà que je suis paumée, perdue, en pleine confusion, oh, j’entends ce qu’on me dit, dix fois, et peut-être même cent, oui, j’entends ce qu’on me répète, comme une rengaine, oh my gode on dirait une conspiration, j’entends mais ça n’imprime pas, rien, nada, et c’est pas comme si je comprenais pas, et c’est pas comme si j’étais pas d’accord, non, c’est juste une question de consternation, putain, mais comment je vais faire, bordel, mais pourquoi ça ne fonctionne pas à merveille, et pourquoi mon corps me lâche, alors que ma tête carbure plein régime, en hyper ébullition, en hyper excitation, et pourquoi ma tête ça va, alors que mon corps pas, et je n’arrive pas à joindre les deux en un, et il y a ce sentiment d’être survoltée, en danger, et je ne trouve pas la clé, le bouton, le déclic à la con, la tendresse nécessaire, le calme, la consolation. Je voudrais m’allonger et qu’on me cajole, je voudrais me taire, complètement, et n’être plus que sensations, laisser glisser des mains sur mes épaules, laisser couler les larmes enfermées, laisser faire, lâcher l’armure, lâcher tout court, mais ça ne fonctionne pas comme ça, c’est pas cartésien, tout ça, voilà mon dilemne, ça ne se range pas dans des cases et ça n’est pas intellectuel, oh what a drame, il faut faire fondre la carapace, et je n’ai pas l’ombre d’une idée de comment m’y prendre, et je n’arrive pas à croire aux prescriptions, et me voilà en plein coeur de la névrose, seulement ça n’est pas violent, ni angoissant, seulement je n’ai pas envie de mourir, cette fois, ni de crier ou de taper contre les murs… C’est inédit. Il n’y a rien à quoi renoncer, il s’agit juste de s’abandonner sans se laisser tomber.

Je suis déroutée.

P. et N. à la maison ce week-end… du vin, des crêpes, et Harry Potter.

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