Mais on va pas le dire. Puisque ça suffit les conneries introspectives, et y en a marre de le répéter à longueur de journée, y en a marre de la lucidité, dans la vie il faut se la raconter. C’est obligé. Le truc c’est qu’en ce moment j’en ai marre. Je suis fatiguée. J’ai plus d’imagination, je ne sais plus quoi me dire, ni quoi inventer. Merde alors. C’est quoi ce bordel. Je ne sais plus ce qui fait envie, je n’écris plus mes désirs à l’encre de mon nouveau style, ce truc qui marchait vachement bien, là, et qui se masturbait tranquille, puisque ce n’est pas un crime (arf, arf). C’est le manque d’inspiration. L’angoisse de la page blanche. Le vide intersidéral. Un déficit de tendresse. Je ne suis pas tendre avec moi. Ni avec personne. Je ne sais pas. Je suis saisie, à chaque fois. C’est quoi, ce truc là. C’est impudique. Violent. Déroutant. Diabolique. Putain j’en suis là. Merde, alors. Qu’est-ce que tu voudrais que je me raconte de plus ? Qu’est-ce que je pourrais avoir envie de me raconter, après ça ? Faire semblant de quoi ? De croire qu’il est possible de construire un ersatz de ça, inside my head ? D’enrober le phénomène, quand il y a tout un monde qui s’engloutit, et qu’il faut continuer à avancer quand même, et à garder l’espoir que je survivrais à cette réalisation là, et que je serais assez forte pour vaincre les simagrées, et les habitudes, et assez forte pour démembrer les vieilles techniques, et pointer du doigt les évitements caractéristiques, bref, bref, j’ai pris dans la gueule un bonne vieille claque analytique [arf, tout n’est pas perdu, voyez, je continue à me la raconter un peu quand même, façon freud est trendy, freud est un ami], et je suis sonnée par le gong.
La tendresse, je ne sais pas quoi faire avec.
Y a de quoi se foutre de ma gueule, probablement. Vas-y qu’on sort les violons, et les mouchoirs, comme dans Angélique et le Roy, et tout ça. Et voilà. C’est bien ça qui m’emmerde, finalement. Comment tu peux fanfaronner quand t’es terrassée par un truc pareil. Quand le seul mot qui te vient à l’esprit c’est pathétique. La quête est pathétique. Et c’est pas tellement marrant, fatalement. Parce que c’est la mienne, enfin, je veux dire, c’est de ma vie dont il s’agit, et c’est pas super motivant de s’apercevoir qu’on court après des chimères, encore, once again, et merde. J’ai un peu de mal à m’y faire. Un peu de mal à rebondir, à passer au travers.
La tendresse, je ne sais pas quoi faire avec.
Mais putain.
Lâche l’affaire.
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