Watcha.
Quelle joie.
Je crois que j’avais décidé qu’il n’avait plus confiance en moi, après tout ça. Qu’il fallait un tampon entre lui et moi. Qu’il avait peur, qu’il n’avait pas envie, qu’il ne se sentait pas en sécurité. Je m’étais proclamée toxique, oh, oh, you’d better watch out, je suis entrain de t’abîmer, je suis entrain de transfuser du poison dans ta vie. Je n’arrivais plus à m’occuper de lui. Je n’arrivais plus à lui consacrer du temps, entièrement. Sans doute que j’avais peur aussi. Sans doute que je m’en voulais tellement. Depuis le début. Et il y a eu cette nuit, l’année dernière, où je lui avais dit qu’il ne méritait pas d’avoir hérité d’une mère comme moi. Comment on peut dire ça à un gamin de six ans, bordel. Il m’en avait reparlé, ensuite. Il m’avait interdit toutes les images de la mort. Tu n’es pas crevée, maman, c’est un mot pas joli du tout, je le déteste. Il m’avait pris en charge, la nuit de la pleine lune, et ma tête par terre, et c’est comme si il avait senti qu’il fallait qu’il soit là, pour me garder pour la vie, et c’est épouvantable, d’écrire ça comme ça, mais il avait raison, oui, oui, et c’est comme s’il avait compris, et dans ses yeux j’ai vu la terreur, et dans ses yeux j’ai vu l’horreur, oh mon dieu comment est-ce que j’avais pu l’oublier à ce point, oh mon dieu c’est quoi toutes ces conneries de fantasmes explicatifs, hey, tu vas redscendre ma grande, hey, cet enfant n’est pas le rachat d’un martyre, non mais t’es folle, oh.
Alors j’ai plongé. De l’autre côté. Désormais, je serais grande. Alors j’ai refait le trajet, en accéléré, et sans lui. Il m’attendait. C’est dingue. Je réalise. Je n’avais pas confiance en lui. C’est un truc héréditaire, cela dit. L’amour découle de sources, un échange de bons procédés, enfin, ce genre de conneries. Et puis il a grandi. Et il a envie de vivre ici.
Bravo, et merci.
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