Ça fait deux jours qu’il est là, comme planté dans le dos, quelque part au milieu de mon épaule, à droite, et la douleur est sourde, transperçante, imperturbable. Aucun répit, ni le jour, ni la nuit, aucun risque que je l’oublie, pensez-vous, et rien, ni le paracétamol en flux continu, ni les massages à base d’huiles essentielles, n’adouçit la fulgurance des radiations épicentrales. Il est là, et c’est comme s’il avait pris racine, une nouvelle fois, est-ce le temps qu’il fait, et cette eau dans l’air, ou bien quelque chose de plus latent, une réminiscence, peut-être, quelque chose d’imbriqué par hasard, un caillou dans la chaussure (smile), j’aimerais bien savoir, ne serait-ce que pour attraper le premier fil, et décoincer, apaiser, et qu’il ne reste plus que le souvenir du mal, et l’incrédulité joyeuse qui vous tombe dessus quand enfin il ne reste plus rien, non, plus rien du tout, même pas un petit bout, quand enfin c’est parti, relâché, évaporé.
C’est fatigant. Tout comme il est considérablement pénible, et je pèse mes maux, de ne pas arriver à exprimer l’essentiel, mais de tourner jour après jour autour, parce que c’est comme si les mots butaient contre les parois d’une carapace vitrée, parce que c’est comme si j’étais larguée au beau milieu de l’indéfinissable, parce que je ne sais pas qui a tort, et qui a raison, de moi ou de myself, parce que je ne sais pas s’il faut parler, ou bien se taire, ni ce qu’il faudrait dire, et pourquoi, et comment, ni qui écouter, et il y a des voix partout, schizophrénie coutumière, et il y a des envies diffuses, et des besoins larvés, et puis des certitudes qui se mélangent aux doutes, et inversement, et des fantômes, et des nouveaux visages, et des doléances, des exigences, des découragements, bref, bref, en résumé : c’est le bordel.
Et il faudrait que je m’étonne d’être nouée.
Arf.
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