
Je lui parle des gens que j’aime, de E. qui va arriver, d’un dimanche à la campagne, et je lui raconte ceux qui ont téléphoné, et laissé des messages, je lui dis que tout le monde l’embrasse fort, et il sourit, et il est fier, et il est beau, my little prince. Il est heureux, et ça se voit, et moi je ne sais plus où donner de la tête, du tout, et c’est comme si j’attendais un retour de bâton qui n’arrive jamais, jamais, et il va falloir se mettre à y croire, ma grande, et il va falloir te synchroniser au GMT, pour choper les trains à l’heure. Vivre, plutôt que se regarder vivre dans l’attente imminente d’une catastrophe, d’un drame, d’un truc inexpliquable autant qu’improbable, la fin d’une rémission, et puis des disparitions, the return of the barnum d’avant, en résumé, la douleur, l’étouffement, la rage à l’intérieur, le désespoir, etc. Ouaip, ouaip, va falloir vivre maintenant, et se laisser porter par le vent. Faut s’habituer, question de confiance, voyez, once again and again, quelle saloperie, tout de même, la confiance, bordel, ça demande une énergie pas croyable à entretenir, et puis il faut dérouiller les fondamentaux, tout le temps, jusqu’à ce que ça devienne un réflexe, du pavlov, presque, il faut s’entraîner jusqu’à ce que le naturel se pointe au galop et jump over the wall, hey, t’as vu comme c’était easy, partner, look, tu peux lâcher l’affaire maintenant, hein, tout ça, on sait faire.
Vivre, alors.
C’est désarmant.
Fatalement.
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