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on play :
the wet grass – adrian bouldt
thanks to millie
Tout à l’heure, j’étais décidée à lui dire que je ne reviendrai plus, inutile de résister plus longtemps, inutile de bouffer du temps pour entretenir l’illusion, le temps j’en ai plus beaucoup, avant le move to, autant éviter d’en perdre pour des conneries du genre. Gonflée à bloc, je sonne. Personne. Arf. Je téléphone, message, puis c’est ELLE. Qui n’est pas là cette semaine, vous en avez parlé bien sûr, et plusieurs fois même, voilà ce qu’elle dit, sous-entendu hin hin, joli acte manqué, vous pouvez pas vous passer de moi, je vois ça, si ça pose un problème, rappellez-moi. Connasse. J’étais pas au courant. Jamais ELLE en a parlé, m’en serais souvenue, j’en suis convaincue, je vais pas développer parce qu’on s’en fout, mais je sais qu’ELLE n’a rien dit. Impossible de prouver le contraire, sa parole contre la mienne, abréaction, etc. Ça fait partie du jeu, voilà, il faut que des choses comme ça arrivent, depuis des mois, et ça me surprend encore, c’est ça qui est dingue, je crois.
Tout m’étonne. Lundi, par exemple, et la surprise de sentir les odeurs renaître, mon train de retard, oh merde, j’avais pas vu, putain ça remarche, je vous jure c’est pas moi, j’ai rien fait, regardez les faits, the evidence, vous savez, celle qui never lies, hey, c’est vrai, enfin, et c’est à moi que je parle, histoire de rationnaliser, vieille habitude s’il en est, han mais, c’était pas une vue de l’esprit, tout de même, et puis merde, et c’est comme si je voulais me convaincre, moi, que c’est pas de ma faute, je ne suis pas responsable, bordel, et la vérité, c’est que je voudrais bien l’être, un peu, et la vérité, c’est que je le suis, sans doute, il suffirait de l’admettre, ça viendra bien un jour.
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