Chronique #549 : Night Light

16 mai 2005 0 Permalink 0
paradise city – guns ‘n roses
burning love…
Faut arrêter de se la raconter cinq minutes, princesse. La vérité c’est que tu t’interdis d’y croire, la vérité c’est que t’es pétée de trouille ma grande, la vérité c’est que c’est vachement plus confortable de se préparer à renoncer, se dire que tant pis, tu y arriveras toute seule, t’as besoin de personne d’abord, c’était ça qui était prévu au programme d’ailleurs, le reste, t’avais abandonné, tu penses, le reste, ah ah, formidable comme ça a merveilleusement fonctionné toutes ces années hein, autant oublier… tu commencerais pas à trouver que c’est quand même un peu compliqué, toutes tes théories débiles… La vérité c’est que ça commence à devenir important et qu’on se demande bien pourquoi c’est si difficile de faire confiance, maintenant, toi qui a grandi au pays d’Angélique, celle des anges, toi qui as appris la vie dans les livres, toi qui confiait n’importe quoi à n’importe qui, vidée avant même d’être regardée. Combustion spontanée. Du flan tout ça, ça n’existe pas. L’histoire s’est écrite différemment. Evidemment. C’est pas comme si t’avais oublié les portes qu’on claque dans la gueule et les larmes de crocodiles, les yeux désolés d’avoir à se répandre en explications quand il y en a aucune, justement, parce que tu t’es trompée, c’est tout, tu as cru ce qui était gravé, parce que si on peut même pas croire un mot de ce qui se dit, comment on fait pour savoir, comment on fait pour rester debout quand ça crie à l’intérieur, comment on récupère, et pourquoi il faut toujours courir derrière, comme pour rattraper, comme pour forcer à regarder, c’est pas vrai que tu m’as menti regardes, j’ai pas tout inventé, pourquoi t’as changé d’avis bordel, c’était joli, ce qu’on avait dit. T’as plus envie de décider, plus envie de dérouler des kilomètres de pellicules, t’as appris comment te gérer, vautrée au pays des ombres, tu sais ce qu’il faut faire de toi, et c’est pas grave la velléité, ça sert juste à te protéger, tu veux plus avoir mal, ça a trop duré, d’ailleurs qu’est-ce que ça peut foutre après tout, tous ces dérèglements, défauts de fabrication et alors, on va pas remonter le temps non plus, faut pas regarder derrière, t’es déçue, c’est vrai, tu veux plus te voir en peinture, t’as un problème avec les images, comme si c’était le nerf de la guerre, comme pour pointer du doigt les coupables et archiver le dossier, blasée. Comment lutter contre ton corps. Comment céder, comment admettre. Vas te faire foutre à la fin. Quelle fatigue. T’en sais rien, t’as jamais demandé, toujours ces mêmes déductions à la con. T’en sais rien, tu sais pas d’où ça vient, t’aimerait trouver une explication, un truc pour te raccrocher, déficit d’attention c’est pas une raison. Et blablabla, refrain habituel. Faudrait être sûre, avant d’autoriser l’accès. Ah Ah. Ben voyons. Et sûre de quoi, tu sais même pas. Tu voudrais que ça soit plus facile, beaucoup plus léger, tu voudrais y croire encore, et pas te méfier, tu voudrais ouvrir les vannes et te foutre de ce qui peut arriver. Lobotomie. Fatalité. T’as peur de plus jamais laisser l’accès. Ahem. Rectification. T’as jamais ouvert la porte, en vrai. T’as jamais laissé entrer personne. D’habitude, c’est toi qui te glisses par les fenêtres. Faut pas s’étonner, jeune fille. Faut pas s’étonner. Mais comment on fait. C’est tellement joli tout ça, tellement joli qu’il faut y croire, pour pas que ça s’arrête. Pour une fois que tu restes sans voix, absolument sidérée ascendant béâte, pour une fois que tu n’as rien à dire et pas grand chose à faire que de te fondre dans l’univers. Comme avant. Comme avant qu’il enfonce le clou, comme avant qu’il burine au marteau piqueur, comme pour mettre à jour la pire des évidences. Comme s’il fallait te convaincre de ça, pour éviter de penser au reste. A ce que tu n’as pas laissé faire. Comme s’il fallait trouver un bouc-émissaire. Et blablabla. Hyper-ventilation. Faudrait arriver à se taire. A quoi ça sert de remuer tout ça. N’importe quoi. Pourquoi, pourquoi c’est si difficile de t’aimer. Qu’est-ce qui s’est passé, pourquoi t’as jamais appris à le faire. Il est où le truc cassé, bordel de merdeuh !

Cela dit, tu vois bien qu’il y a des tas de choses différentes dans ta vie, aujourd’hui. T’es quand même vachement plus aguerrie, vachement plus consciente de ce que tu es. De ce que tu veux, aussi. C’est un peu facile de rameuter les fantômes du passé, si tu veux mon avis. Un peu trop simple de jouer la carte de la désabusée. Get the hell away from that Ouin-Ouin Land, comme dirait N. Laisse voir ce qu’il y a derrière. Regarde mieux. C’est dingue, toute cette histoire est totalement dingue. Comment ça peut arriver, en vrai, un truc pareil. Qu’est-ce qui s’est passé dans ta tête. Si seulement, si seulement c’était écrit quelque part. Si seulement ta gueule, oui, surtout. Ça n’existe pas, les malédictions ancestrales. Et voilà, c’est reparti. Tu bavardes, tu bavardes, t’en balances des caisses pour noyer le poisson au milieu des autres. Enrober l’essentiel. Ce truc qui parle d’incapacité à se trouver l’ombre d’une raison d’être, et c’est pas faute d’avoir cherché. Tu aimerais bien t’aimer mieux, tu aimerais bien croire que tu as quelque chose à proposer. Il n’y a que l’étendue du néant, tu n’arrives pas à l’écrire, putain mais c’est épuisant, c’est quoi qui te fait peur, c’est quoi cette question, ce mot qui revient sans cesse, est-ce que c’est vrai, est-ce que c’est vrai, dis, est-ce que c’est autorisé, est-ce que c’est pas de la pitié, ou un truc pour faire plaisir, est-ce que tu as le droit de donner ton avis aussi, de dire ce que tu as envie, est-ce que c’est vrai que sur cette terre, il y a quelqu’un qui peut t’aimer comme tu as besoin de l’être, pour transfigurer le reste, oh bien sûr il y a léon, ta seule certitude, ton seul apaisement, mais tu commences à comprendre que c’est pas suffisant, il va falloir l’admettre, et aller puiser l’énergie de se battre contre les démons de l’enfer, et faire taire les voix qui crient que tu ferais mieux de descendre tout de suite du perchoir sur lequel t’es grimpée, que c’est pas prudent de libérer ces sentiments adolescents, oui va falloir oser, tu sais, parce que c’est ça qu’il te faut, c’est ça que tu veux savoir faire, laisser des accès ouverts, faire confiance, oublier cette idée paralysante qu’il n’y aura jamais personne pour tenir ta main suffisamment longtemps, sans se décourager, sans t’abandonner, il n’y a pas que toi qui sait donner, pas que toi qui sait faire attention, et c’est assez clair en ce moment, et c’est cette fille là que tu as envie d’être, celle qui sait recevoir et transfigurer, celle qui se trouve jolie dans les glaces des vestiaires, celle qui s’aime un peu et qui voudrait s’autoriser à s’aimer mieux.

au pays de Candy, pour chasser la tristesse, elle cherche la tendresse… je veux plus être une fillllllleeeee, n’est-ce pas miss jones…;)

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