Chronique #541 : Take-off Markers

06 mai 2005 0 Permalink 0
retour à toi – étienne daho
waitin time, part II
C’est incroyable cet état dans lequel tu es. Excitée, survoltée. Pas du tout angoissée, non. Lucide. T’es pas Princesse Sarah, non plus, faudrait voir à pas l’oublier. Le soufflé peut retomber. Et puis tu fais gaffe, aussi, faut la gonfler doucement, la bulle. Comme pour les malabars. Tu vas dire que tu sais pas bien faire, t’as du en manger trois, dans ta vie d’enfant, des malabars, vu que t’avais pas le droit. Ton père, il voulait pas, et tu marchais sur les pas de ton père. Honnête et fière. Anyway. Tu dors pas. Jamais fatiguée, une vraie pile électrique. C’est trop bien, la vie, c’est trop bien, mais c’est tellement dur, d’attendre, mais c’est tellement bien, d’attendre. Tu piaffes. C’est ça, le mot que tu cherchais. Tu piaffes, et t’as envie de redescendre. Hola, doucement, hey oh. T’as l’impression qu’il peut rien arriver de grave, si ce n’est le pire, mais ça on peut jamais prévoir de toutes façons, faut juste s’accrocher aux branches et se réjouir chaque jour de pas apprendre que quelqu’un est mort. Sauf peut-être celle qui est là-bas, dont tu ne veux pas qu’on parle d’ailleurs, tu veux pas le voir pleurer ton père, tu supportes pas. Ta mère non plus, by the way. Pas encore prête. D’ailleurs elle t’a exaspérée, tout à l’heure, avec son air satisfait et ses problèmes de coeur. Mais bref. Tu sais que ça ressemble à la phase maniaque d’un trouble bipolaire. Seulement tu sais, toi, que c’est pas du tout ça. Ça te parle pas. Tu t’identifies pas, jamais. Ni dans tous ces profils-types que tu as lu ici ou là, ni à la télé, ni autour de toi. Toi, t’as l’impression d’être droite dans tes bottes, le regard devant. Pas tellement super-puissante, plutôt en ébullition. Tu projettes pas tellement. Tu savoures ces instants. Tes nouvelles limites, les barrières, les désirs que tu as. Tu imagines ce qui pourrait arriver, quand tu vas tourner la page. Comme les travelling d’un film. Tu déroules les images. Spectatrice. T’as plus envie, tellement. Plus envie non plus d’aller chercher les emmerdements. Ça les repose, tes névroses. Bon. Ça marche pas tout le temps, non plus. Mais tu ne te sens pas maniaque. Tu es euphorique. T’arrives pas à aller dormir, tu te lèves dès que tu ouvres un oeil. Assez perdu de temps. Seulement y a rien à faire, parfois, à part attendre que demain se lève, pour aller ici ou là, alors qu’aujourd’hui, il fallait rester dans un périmètre balisé que t’as du mal à supporter. A part quand vous l’avez emmené là-bas. C’était vachement bien, t’y serais restée des heures, d’ailleurs. Seulement t’es pas millionaire, encore. Demain, t’espères que ça va aller, que tu vas pas t’énerver. Que tu vas pas grimper, que ça va t’intéresser, de le voir s’amuser. Ça se passe bien, en ce moment, entre vous. Beaucoup plus simplement. Plus envie de prouver à quiconque. Y a que toi qui t’intéresse, de plus en plus, et ça fait du bien, tu vois. T’es pas responsable. Tu refuses de te battre une seconde de plus contre les trucs que tu pourras pas changer. Beaucoup trop d’énergie de gaspillée. Faut pas déconner, oh. T’y peux rien du tout, t’as suffisamment à faire avec ta tête à toi, tu vois, pour aller consacrer mille ans à essayer de comprendre ce qui se passe dans celle des autres. Surtout que tu le sais très bien, si si. T’as ce talent là, tu sais pas d’où il vient, mais tes projections, souvent, elles tombent pas bien loin. T’écris ça et t’as l’impression d’être épouvantablement prétentieuse, mais bordel t’en es convaincue, pourtant, on peut savoir pourquoi t’arrives pas à l’assumer publiquement, pourquoi tu penses qu’il faut pas le dire, tu fais chier, merde, bref, on t’a pas demandé de sauver l’humanité, je te rappelle, à toutes fins utiles. T’as envie de t’amuser, d’en profiter. Un peu de légereté, bordel. T’envoies balader ce qui te fatigue. C’est assez facile, finalement. Tu regardes le monde différemment. C’est ravissant. La cabane du Père-Noël. C’est dingue, quand même, que tu t’en sois pas aperçue avant. Comme si t’avais renoncé à exister, depuis longtemps.

«Etre libre, c’est avoir la tête claire. Ne pas se perdre dans le fouillis des ruminations et des obsessions. Savoir que l’être humain est bourré de contradictions, et les assumer. Ne plus avoir peur des gens, ne plus les mépriser. Accepter le passé tel qu’il a été, se pardonner ses erreurs, être objectif, ne pas culpabiliser, ne pas être dévoré par l’angoisse. Agir de façon réfléchie et ne pas être gouverné par les conditionnements de son passé.»
Margarita, webmaster de transfer interrupted

Voilà, c’est exactement ça, le sentiment que tu as.

frissons… comme d’habitude.

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