Chronique #462 : Mademoiselle Je-sais-tout

30 janvier 2005 0 Permalink 0
Elles sont plusieurs à habiter là. Personne ne sait trop combien il y en a et tu n’es pas sûre de toutes les connaître même.
introducing the first side
Celle-là c’est un personnage principal mais il y en a plusieurs et c’est pas tout le temps elle qui ouvre la porte en premier. Même si elle s’arrange pour rapidement exiger le fauteuil du maître parce que faut pas charrier c’est pas comme si elle venait d’arriver… C’est une crâneuse cette fille là, et une inquiète aussi. Parce qu’elle sait bien que la maison fissure de partout et surtout que personne n’aborde jamais la question des fondations parce qu’on y passerait le restant de nos jours et que bon c’est trop tard, tout va bien, c’est pas loin d’être la maison du bonheur ici. D’ailleurs elle fait du bruit, beaucoup, pour rien. Elle décore. Elle organise des fêtes. Elle parle. Elle a tout vu tout vécu. Elle a peur du vide. Elle déteste les surprises. C’est une pimbêche, elle agace les gens à raconter la fin de tous les films. D’ailleurs elle est très pote avec la scénariste qui vit aussi ici mais c’est pas le sujet là, faut pas bifurquer déjà qu’on les confond parce qu’elles ont les mêmes abus de langage souvent. Le plus emmerdant pour mademoiselle je-sais-tout c’est que personne ne l’écoute alors qu’elle ne sait pas se taire, ce qui fait d’elle une demoiselle très énervante à distribuer des avis dont on n’a que foutre. A imposer ses commentaires avant même qu’on lui demande son opinion des fois qu’on l’oublie. Elle a tout le temps peur qu’on l’oublie et d’ailleurs une fois elle a bien cru qu’ils l’avaient laissée pour de bon, cette mademoiselle je-sais-tout. Un jour où elle avait prétendu tout savoir. Mais c’est une anecdote.

Et puis quel insupportable pot de colle ! Il n’est pas une conversation sans la voir s’y glisser ni une intention sans qu’elle s’empare de la check-list pour vérifier le moindre infini détail jusqu’à la troisième génération et sa descendance. Elle a posé des caméras et des micros dans toutes les pièces parce qu’il faut que rien ne lui échappe et c’est essentiel ce contrôle permanent qu’il lui faut avoir sur l’ensemble. Des fois on croit qu’elle est juste curieuse mais finalement pas, il n’y a que la logistique qui la passionne alors elle ne cherche pas à déterrer des secrets d’état à moins qu’ils ne visent à cabosser la demeure. Son truc c’est l’intendance. C’est pas la titulaire du bail et elle le sait bien mais elle est absolument convaincue d’avoir à rappeler tous les mois l’échéance du loyer sinon personne ne va y penser et la terre va trembler peut-être, alors elle s’est fait élire à la tête du syndic et elle rabâche les mêmes sempiternels avertissements des jours et des jours à l’avance et c’est encore la terreur de l’oubli et la peur de ne pas être entendue et la crainte de la déception comme si elle prévoyait toutes les choses terribles qui allaient survenir et leurs répercussions à l’infini en cas de négligence dans la rédaction d’un état des lieux. Elle sait tout mieux. Que tout le monde. Ce qui est bon et ce qui ne l’est pas. Pour elle. Pour les autres. Pour la maison toute entière.

La maison. Le noeud du problème c’est la maison, on y revient à chaque fois. Elle y vit depuis tellement longtemps qu’il faut pas lui raconter d’histoires hein, c’est pas super agréable d’habiter ici et y a même pas le chauffage central han. Alors bon, si on veut inviter des gens faut bien mettre les moyens. Parce qu’on va pas raser les murs tout de suite. C’est pas prévu au planning.

En ce moment sa vie n’est pas facile à la demoiselle tout de même. On voudrait lui couper sa voix au chapitre et c’est comme si on essayait de la déménager de chambre alors elle s’accroche aux meubles terriblement fort, c’est difficile de changer les habitudes.

note pour moi-même… c’est curieux ces key-songs en ce moment… loulou et les clash et les kinks ça a fait des drôles de coïncidences tout de même – oui je sais j’aurais aussi bien pu écrire ça sur un post-it ailleurs mais je fais ce que je veux.

jolie journée toute grise… merci mademoiselle, vivement les endives… et demain, je saurais si tout va bien.

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