Tu ne sais plus jamais par quoi commencer parce que ta pensée vagabonde toute seule à présent et que les tenants n’ont plus jamais les mêmes aboutissants et que c’est pas loin d’être déroutant quand tu entrevois l’étendue qui s’ouvre à toi juste là à portée de miroirs tandis que tu t’étonnes presque en extase de la logique imparable des dernières trouvailles. Mais ça va trop vite. Tu commences trop de mots en même temps et ils s’en vont balader leurs couplets dans d’interminables labyrinthes qui s’entrecroisent pour accoucher d’une épuisante cacophonie et tu essaies de les retenir avec l’acharnement du gamin désolé à la vue de ses mains trop petites pour contenir tous les pop-corns du carton. Pause s’il vous plaît il faut qu’on s’organise. Réunion de chantier. On lève le doigt avant de parler siouplai. Han mais t’as des problèmes de concentration on dirait. Trop de vents, ça souffle dans tous les sens et t’es pas programmée pour être une girouette non plus. Faudrait ouvrir toutes les portes et rester perchée à écouter toutes ces voix avec la même force mais y a pas écrit Jaimie Sommers sur ta carte d’identité alors tu navigues autour du pas tous à la fois mais tout le monde en même temps quand même un peu et faudrait quitter cette excitation furieusement bandante parce que tu t’en doutes bien que ça peut pas durer mais t’as du mal à t’y résigner tellement c’est bien, trop bien même. T’avais oublié. L’iceberg, tout ça. Du coup t’as plus tellement envie de ramer vers la prochaine bouée, tu voudrais juste respirer hein c’est pas comme si tes poumons brâmaient depuis deux semaines qu’ils manquent de souffle.

Les jours avancent et tu perds ta naïveté.