
Le jour où MA est tombée, je ne me suis jamais relevée. J’ai commencé par hurler comme si ça allait changer quoi que ce soit à l’effroyable réalité. Elle est MORTE bordel. Elle est morte et les heures défilent, ça lui est bien égal à cette putain de terre qu’elle soit morte. Je me demande si elle a su, si elle a compris, si elle a eu mal, si elle a revu sa vie en technicolor. La scène se joue malgré moi, les images défilent, je la vois là-bas, près du canapé, son visage qui se crispe, stupeur, et puis elle vacille, elle bascule, elle s’effondre. Je songe à nos longues discussions dans son salon, Barbey d’Aurevilly Fauré Zweig Wilde ou Baudelaire, surtout, Baudelaire. Le sens de la vie, nos désirs et nos envies… Son inimitable talent pour lire dans mes pensées. Sa sagesse, sa folie. Ses coups de gueule, son empathie. Sa confiance. Son rire. J’envoie mon corps dans tous les murs, que cette baraque tremble, Dies irae, dies illa – Solvet saeclum in favilla, que la terre implose je veux être pulvérisée. Le soleil brûle ce jour là au beau milieu d’un ciel immaculé, insupportable insolence, la rage me dévaste.
Alors je cherche à comprendre. Comme si il devait forcément exister une raison ou un sens. Alors je lui parle. Comme si elle était encore quelque part. Alors elle débarque dans mes nuits, dans mes rêves. Parce que c’est bien la seule issue… Je me prends à déceler des signes, à trouver n’importe quelle explication. Abracadabra c’est mon destin peut-être. M’effacer suivre sa trace prendre sa place. Ultime cession altruiste, j’embrasserai sa vie comme si c’était la mienne. Ma raison s’envole. Je perds pieds et pédales, mes mains sur le guidon – droit dans le mur.
Pas un été depuis qui soit joli.
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