Chronique #645 : Ask The Dust

11 septembre 2005 0 Permalink 0
narcotic – liquido
je me souviens, je me rappelle
Il y avait de la rage, lorsque j’ai fini par admettre que c’est elle qu’il aimait, oui, elle, et pas moi, quoi que j’ai pu faire, quoi que j’ai pu lui construire, quoi que j’ai pu avoir pensé enraciner, et ça bordel c’était insupportable, comme idée, c’était insupportable de se dire qu’à choisir il acceptait de partir, par respect pour moi, tu parles, il arrivait un peu tard celui là, le respect, n’importe quoi, le truc c’est qu’à choisir il ne pouvait pas se séparer d’elle, alors que moi, nous, et tout ça, tout le reste, autour, il voulait bien l’abandonner, oh oui, ma foi, puisque je n’étais pas capable d’assumer la polygamie dans ma vie, et bien tant pis. Advienne que pourra, moi, il ne m’aime pas. Il m’a aimée deux mois, ou peut-être cinq, il m’a aimée comme facteur de transition, il m’a aimée comme on s’attache à une correspondante anonyme, celle qu’on invente à la mesure de son fantasme, celle qu’on dessine à la hauteur de ses espoirs, il m’a aimée comme la princesse d’un royaume qu’il avait spécialement conçu pour moi, et moi je n’attendais que ça. Faites que le rêve dévore votre vie avant que la vie ne dévore votre rêve. Etc. Et puis il a tout effacé. Assez rigolé. On s’entend bien, etc. Mais je ne t’aime pas. Pas comme tu voudrais que je t’aime, en tous cas. C’est aussi con que ça, je n’y peux rien, tu vois, ça se commande pas. Comment lutter contre un truc pareil. Il y a de l’impuissance, et de la colère. Et il y a de la violence, de la violence, considérablement. Pourquoi tu me fais ça. Pourquoi tu ne m’aimes pas. Un jour, tu verras. Un jour, tu regretteras. C’est injuste, bordel, il faut que tu rampes, il faut que tu supplies, il faut que tu te rendes compte de ce que tu m’as fait. J’ai le coeur qui éclate, et la tête en miettes. T’avais pas le droit. Un jour, il y aura la stupeur, dans tes yeux qui ne me regardent pas. Un jour, tu t’excuseras. C’est interdit de se comporter comme ça. Je veux que tu te sentes minable, je veux te pulvériser, et c’est Narcisse qu’on attaque, et je me lance dans le jeu, à l’aveuglette, et c’est comme si j’étais tout à coup sourde à ce qu’il se dit à l’intérieur, oui, je résiste, comme le taureau dans l’arène, et je nie, et je prétexte, et il n’y a plus qu’un seul objectif, au bout du tunnel, et c’est une question de vie ou de mort, et c’est un fil d’Ariane, ou sinon je me perds.

Il y avait de la rage, c’était un peu bête tout de même.

ça fait quatre ans, maintenant.

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