Chronique #649 : Ajna Chakra

14 septembre 2005 0 Permalink 0
hot boyz – missy elliott
ainsi parlait Zarathoustra
Je suis malade. Version nez qui coule et oeil de lapin, un truc pas grave, mais merde, hein, j’avais pas du tout envie, c’est quoi ce bordel. Un rhume. Sigh. Il faut que je me méfie de ce que je dis, m’est avis. Il faut que je me méfie quand je parle de maladie. Because apparemment, mon inconscient is very plugged into some kind of reality que je vis. Genre. Il y a d’abord eu des écoulements bouchés, et il a fallu vidanger, et nettoyer, et laver toute la merde. Et puis il y a eu des intrus dans mon intérieur, au point que je n’osais plus entrer chez moi, oui, carrément, tellement j’avais la trouille qu’on me saute dessus, tellement je ne pouvais pas prévoir, ni contrôler quoi que ce soit, et j’ai détesté ça. Ensuite, il y a eu des fuites dans la couverture. Des ruissellements. Des mares d’eaux croupies, et c’est comme si elles avaient été là depuis des années, rapport aux parfums, voyez, des odeurs de vieux, des odeurs de moisi. Alors j’ai épongé. Hop, hop. L’assurance prend en charge les réparations, et je me réserve la régularisation des connexions. Ouais. Cela dit, j’ai écrit aussi qu’il n’y avait pas assez de feu dans ma vie. Je déconnais, les amis. Inutile d’allumer un incendie.

Quoi que.

Lundi, je suis allée chercher Léon à la garderie. Il pleuvait des cordes. Il pleut beaucoup, ici, ces jours-çi. Des averses, des orages. Rien à voir avec la pluie interminablement grise en Picardie. Mais bref. Demain, pour la première fois, Léon va faire de l’escrime. Il a hâte. Alors il fallait lui trouver l’équipement, un pantalon de survêtement blanc, un gant, enfin, ce genre de trucs. Alors nous sommes allés lui acheter des chaussures de sport, lundi soir, en sortant de la garderie.

Et ça m’est tombé dessus, sans prévenir.

Un coup de foudre.

Littéralement. Sans états d’âme. Des regards qui se parlent. Une fraction de seconde, ou deux, peut-être. Un branchement. L’espace d’un instant. Un truc qui n’arrive pas souvent. Eye to eye, par dessus le comptoir. Il y a contact. Imparable. Quel contraste. Deux dialogues en même temps. Des mots qui sortent de sa bouche, un peu mécaniquement, un peu parce qu’il n’y a pas grand chose d’autre à faire, à ce moment là, que de parler, et je lui réponds sur le même ton, laconique, parce que tout à coup je me fous de ce qui est dit, parce qu’il s’agit simplement de ne pas bredouiller n’importe quelle connerie, because je sais que j’en suis capable, oh my gode, s’il vous plaît, pourvu qu’il y ait du sens, une cohérence. Je suis fascinée. Il y a des mots qui sortent de ses yeux, et il ne faudrait pas briser le charme. Mais pourtant. Il faut bien partir, il faut bien rentrer, il faut bien reprendre le cours de la vie, alors tant pis. Je décroche. Je raccroche.

I love to love.

je me suis enfin mise au vélo.

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