Chronique #610 : Miroir, mon beau Miroir

01 août 2005 0 Permalink 0
non, je ne regrette rien – édith piaf
your the one that i want
Je suis allée le chercher vers midi. Un Mac Do, ça te dit ? Tu penses que oui. Et on le rapporte chez nous après, maman, just you and me, at least, juste tous les deux, et tous seuls. Ça fait longtemps, hein. Ça fait du bien. Il reconnaît la rue. Il est déjà chez lui, ici. Il voudrait qu’on installe son ordinateur, et il grimpe en haut de son nouveau lit, et il joue, et il parle du chat qui vivra ici, bientôt, c’est promis, et il tourne de la terre, et il rigole quand je râle que c’est interdit, les pissettes, au baby-foot installé par terre dans le salon pas encore aménagé, et il me veut pour lui, exclusivement, et alors on file au ciné, et on dirait que je suis le superhero de feu, et toi, dis, tu serais qui, maman, et alors je ne m’attarde pas chez les anglais, et alors on zappe le monop’, tant pis, on commandera une pizza, et on ira chercher des croissants, demain matin, et alors il construit les legos offerts par E. pour son anniversaire, pendant que je parle au téléphone, et alors il avale le reste des spaghettis d’hier sans broncher, puisqu’elle était trop épicée, la pizza orientale, et c’est à se demander ce qui m’a pris, mais bref, et puis il mange du chocolat, et il veut rester avec moi.

Watcha.

Quelle joie.

Je crois que j’avais décidé qu’il n’avait plus confiance en moi, après tout ça. Qu’il fallait un tampon entre lui et moi. Qu’il avait peur, qu’il n’avait pas envie, qu’il ne se sentait pas en sécurité. Je m’étais proclamée toxique, oh, oh, you’d better watch out, je suis entrain de t’abîmer, je suis entrain de transfuser du poison dans ta vie. Je n’arrivais plus à m’occuper de lui. Je n’arrivais plus à lui consacrer du temps, entièrement. Sans doute que j’avais peur aussi. Sans doute que je m’en voulais tellement. Depuis le début. Et il y a eu cette nuit, l’année dernière, où je lui avais dit qu’il ne méritait pas d’avoir hérité d’une mère comme moi. Comment on peut dire ça à un gamin de six ans, bordel. Il m’en avait reparlé, ensuite. Il m’avait interdit toutes les images de la mort. Tu n’es pas crevée, maman, c’est un mot pas joli du tout, je le déteste. Il m’avait pris en charge, la nuit de la pleine lune, et ma tête par terre, et c’est comme si il avait senti qu’il fallait qu’il soit là, pour me garder pour la vie, et c’est épouvantable, d’écrire ça comme ça, mais il avait raison, oui, oui, et c’est comme s’il avait compris, et dans ses yeux j’ai vu la terreur, et dans ses yeux j’ai vu l’horreur, oh mon dieu comment est-ce que j’avais pu l’oublier à ce point, oh mon dieu c’est quoi toutes ces conneries de fantasmes explicatifs, hey, tu vas redscendre ma grande, hey, cet enfant n’est pas le rachat d’un martyre, non mais t’es folle, oh.

Alors j’ai plongé. De l’autre côté. Désormais, je serais grande. Alors j’ai refait le trajet, en accéléré, et sans lui. Il m’attendait. C’est dingue. Je réalise. Je n’avais pas confiance en lui. C’est un truc héréditaire, cela dit. L’amour découle de sources, un échange de bons procédés, enfin, ce genre de conneries. Et puis il a grandi. Et il a envie de vivre ici.

Bravo, et merci.

oh my gode il y a une saison 2… à part ça il faut que je trouve un plan, et ça commence à devenir urgent, but oh lala quelle fatigue.

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