Chronique #461 : Mabelle

27 janvier 2005 0 Permalink 0
lea – toto
crédits sculpture richard becker
narcotic mind from lazed mary-jane
Un jour des débuts il a ouvert une brèche. D’habitude c’est moi qui fait ça. Bien sûr t’avais pas encore eu l’occasion de le voir à l’oeuvre mais puisqu’il le disait hein. Tu trouvais plein d’explications et tu avançais qu’il était tellement triste et que le contexte n’était pas vraiment adapté et puis tu étais patiente de toutes façons puisqu’il l’avait dit n’est-ce pas. Tu attendais le jour où comme par magie ça serait là. Tu restais bloquée sur l’image. Tu avais confiance. Tu ne sais pas trop si c’était la première fois mais ça n’a pas d’importance parce que c’était la première fois avec une suite pareille en tous cas. Une suite où tout a été permis et encaissé juste à cause de cette promesse là. Vivre avec quelqu’un qui ferait ça pour toi. Le truc qui t’était jamais arrivé, la lune sur un plateau avec tous les bons numéros du loto. T’as vite compris la supercherie mais t’as nié en bloc et tu t’es longtemps figée comme une statue sur la place de l’hôtel de ville à Epinal, accrochée au souvenir de cette confidence glissée et de tous ces mots qui savaient si bien te caresser. Tu l’avais laissé t’atteindre et t’étais bien trop fière pour admettre l’envergure du malentendu. Bien incapable d’envisager une telle erreur stratégique, le truc du débutant qui n’arrive qu’aux autres ça n’aurait jamais du t’arriver à toi, à compter le temps que t’avait mis à souder la cuirasse. Quel outrage.

Tu as du mal à te rappeler comment c’était avant. Pas avant lui non ça tu sais et c’est pas un hasard si tu penses tellement à cet autre lui d’autriche en ce moment. Non tu te demandes comment c’était avant la cuirasse et puis évidemment tu te demandes aussi quel a été le premier coup porté et à quel moment tu as senti qu’il fallait te défendre. De plus en plus. Couche après couche. Ne pas se laisser atteindre sans l’avoir décidé. Envahir l’espace et tracer des traits et répéter les mêmes gestes mais ne jamais se laisser surprendre par derrière. Ne laisser aucune prise à l’inattendu d’ailleurs il ne fallait rien attendre non plus. Le jour où on t’a fait prendre conscience qu’il fallait maîtriser ton regard et bien tu as appris à fermer les yeux sur l’émotion – ou alors tu détournes la tête. Le contrôle ou la fuite, t’as un pied dans chaque camp. Ecrire les règles. Auto-alimenter la machine et ne pas rêver plus haut que tu n’aies le temps d’inventer. La demande et l’offre brouillées dans l’oeuf. Donner trop mais jamais tout. Attribuer des rôles. Ne rien laisser au hasard. Pourquoi est-ce que tu as construit tout ça ? Et quand ? Et comment t’étais, avant ? Ils sont passés où les souvenirs de quand c’était autrement ? Tu voudrais bien arriver à arrêter de fuir le désir de toi. Tu voudrais bien ne plus aspirer au contrôle de celui qui n’existe pas. C’est comme si il y avait un tunnel bouché (une aorte encrassée). C’est comme si tu voulais de l’espace.

Tu voudrais bien apprendre à être surprise.

Léon est malade et ça fait du bien de passer une journée tous les deux comme si…. merde c’est long toute cette attente.

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