Léon n’est pas habitué à nous voir ensemble, son père et moi. Il n’a plus de souvenirs, en tous cas plus de souvenirs dont il se rappelle. Alors ça l’emmerde. Comme s’il ne connaissait pas sa place, comme s’il n’avait rien avoir avec tout ça, comme s’il n’avait plus de mots qu’une infinie tristesse, et il en perd la voix. {Je ne sais pas. Je ne sais pas si ça me dérange quand vous parlez, papa et toi.} Il n’a jamais envisagé la question. Ses parents tous les deux, l’association des gènes, et tout le bordel. Moi non plus, notez. C’est tout à fait récent, comme phénomène. Tout à fait récent d’être d’abord un parent. Le truc qu’on préserve. La paix d’abord, la paix surtout, la paix sur tout, pas question de se ramener à la kermesse de l’école en se trimballant des casseroles. T’es pas mon mec, t’es pas mon pote, t’es pas mon confident, t’es le père de mon enfant. Et inversement. Très sincèrement.

C’est cool.

Ouais.

Super cool même.

(Prends-en de la graine)