L’accouchement est difficile. Mon corps s’épuise mais il ne lâche pas. Je ferme les yeux et il y a une sourde angoisse, comme si mon coeur allait arrêter de battre. Pof, comme ça. Plus de moi. Jusqu’où suis-je prête à aller pour enfin délivrer ce truc que je m’obstine à garder. Combien de résistance encore, combien de temps avant que je cède du terrain, enfin.
{«Que de contrôle, dites moi, ça doit être épuisant de vous acharner à maintenir le couvercle et faire comme si votre désir n’existe pas.»}
C’est dingue à quel point je me contourne. Tellement d’artifices et d’artificiel. Enfin je Lui parle de moi. Aujourd’hui je n’ai plus le choix. Débordée par plus fort que moi. En plein dans le mille. C’est viscéral. M. dirait que les inconscients sont connectés, que c’est pas possible de lutter. Que c’est pas maîtrisable, que ça nous dépasse. Que c’est de bonne guerre, qu’il faut pas s’en faire, on sait bien comment ça fonctionne, n’est-ce pas. L’autre M. parle d’épiderme, de réflexes de défense, du coup que tu prends et que spontanément tu rends.
Je suis acculée. Miroir, mon beau miroir. Faut pas se raconter toutes ces histoires. {Est-ce que tu t’assumes ou est-ce que tu te mens}, avait dit Pam. Si on ne joue pas, alors on fait quoi. Je n’irai mieux qu’en acceptant de parler de ce que j’ai à ce point refoulé. Je n’irai mieux qu’en acceptant de me trouver. Je ne sais même pas par quoi commencer.
Pour une fois je n’entends pas ce que je lui dis. J’obéis. Elle ne me laisse aucun répit, et Elle objecte, Elle argumente, Elle ne me concède plus rien et je réalise combien j’ai peur de me débarrasser de tous ces trucs que j’ai montés pour me faire oublier. Les parties que je rejoue sans arrêt. Oedipe. Décryptage. Quelle que soit la voix du message. Un peu d’humilité.
Ecoute, écoute.
*Emile Ajar in Gros Câlin
à part ça il y a une nouvelle mixtape là – hope you’ll enjoy.
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