Chronique #654 : I want to ride my Bicycle

23 septembre 2005 0 Permalink 0
hailey’s song – eminem
et alors, il y eut un porte-bagages.
C’est important, les salles d’attente.

Tu penses. C’est même fondamental, figurez-vous. Une des règles de base. Je suis quelqu’un qui attend. Je suis quelqu’un qui a besoin d’imaginer un refuge, un repère. Se dire que je suis accueillie. Qu’il y a de l’attention, jusqu’aux moindres détails. Qu’on y a pensé avant. Tu sais, c’est comme l’histoire des cadeaux obligatoires. Les cadeaux pas réfléchis, les cadeaux télécommandés parce que c’est une date spéciale, les cadeaux interchangeables. Moi, je préfère qu’on se souvienne que c’est les chaussons aux pommes que j’aime, plutôt que d’avoir à dire ce qu’il faut m’offrir pour ma fête. Ou mon anniversaire. Or whatever. Par exemple, j’aime pas la technique imparable inventée par le père de Léon pour éviter de gamberger, han mais qu’est-ce qui lui ferait plaisir, han mais qu’est-ce que j’ai envie de lui transmettre, toussa. Mon ex, ça le gave. Alors il a tout mis sur le net. Suffit de remplir les cases des formulaires, et le tour est joué. C’est enregistré dans la base de données, c’est diffusé, et toi-même tu recevras des rappels par e-mail. Plus de raisons de se prendre la tête, n’est-ce pas. Il dit que c’est pratique, il dit qu’il a pas le temps, autrement. Que c’est emmerdant. Soupir. Autant, je sais pas, autant envoyer des catalogues aux gens, ouais, voilà, autant diversifier le marché des listes de mariage. Je prends les paris. Bientôt, sur vos écrans : «Je pends la crémaillère, t’en fais pas si tu sais pas comment c’est chez moi, j’ai tout dit à Ikéa» ou bien «Un jour j’irai à New-York avec toi, mais là c’est mon anniversaire, alors c’est moi qui pars, envoies ton chèque à Nouvelles Frontières». Plus variantes.

Anyway.

Je divague, je divague. Je disais. Les salles d’attentes, c’est la base.

Fatalement.

Je suis tout le temps en avance. Enfin presque. Par exemple, aujourd’hui. Je suis partie vers midi et demi. Hop vélo, hop the plan mappy dans la poche because en plus je suis prévoyante, faut pas croire. Il fait beau. C’est dingue, tout ce monde dehors. A croire que plus personne ne bosse. Merde. Franchement. Quand t’es free-lance, tu te dis, han, au moins, ça va m’éviter de faire la queue aux caisses dans les magasins, trop bien. Que nenni. Ici, les rues piétonnes grouillent de monde tout l’après-midi. Tu pédales, tu fermes ta gueule. Et tu te transformes en hystérique à la sonnette. Ding, ding. Je suis fascinée. C’est un ballet, mais chacun danse tout seul. Il faut slalomer. Ensuite il y a la route, les voitures. J’ai roulé vite. C’est mon nouveau truc, le vélo, j’adore. Ouaip. Cela dit j’angoisse la crevaison à mort, putain, j’ai jamais su coller une rustine. Bref. J’arrive et j’ai beaucoup trop de minutes d’avance. Le quartier est désert. Bon. Ça va pas jouer en faveur, m’est avis. Déjà que. C’est vachement bandant, trois kilomètres sous le soleil etc, mais ça va l’être beaucoup moins en février sous la pluie, obviously. Hum. Je sonne. Après tout, merde. Pas envie d’arpenter le trottoir. Même pas envie d’une clope. J’y vais parce qu’il faut y aller, c’est pas l’enjeu du siècle. Elle m’ouvre, et puis elle m’envoie patienter et j’ai du mal à trouver la bonne direction. Euh. C’est là, que je suis supposée attendre ?

Il n’y a pas de porte. C’est un couloir sans issue. Un bout d’espace. Un bout qui sert à rien, de l’espace perdu. Il y a un mètre cinquante sur cinq, peut-être, et trois chaises alignées en vrac. Des chaises pliantes noires et moches en plus d’être inconfortables. Il y a des plafonds tellement hauts que ça oppresse, et des boiseries en chêne, et ça donne l’impression d’attendre un jugement. Voilà. Ça ressemble à un couloir de tribunal, cet endroit. C’est épouvantable. Vivement qu’on en finisse. Quand elle vient me chercher, je la suis, et puis je lui en fous plein la vue, pendant trois quarts d’heure. C’est moi qui explique. C’est moi la dominante. T’es pas à la hauteur, cocotte. Tu me laisses trop d’espace. Le devant de la scène. Tu ne m’intimides pas. T’es impressionnée, presque. Etonnée. T’es la seule qui n’a pas pensé aux autres, du reste. Je remets les pendules à l’heure. Je marche devant. Je suis déjà ailleurs.

Je sais ce qui m’attend.

(Les hommes sont responsables de ce qu’ils font mais innocents de ce qu’ils sont)

eminem est mon héros, je lis schopenhauer et je voudrais passer mon temps dans les magasins de sport. à part ça, léon développe des théories et m’explique que parfois il sort de son corps. sic.

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