d’une rive à l’autre – jacno feat. romane borhinger
Je reste là. A attendre. A regarder, est-ce qu’il y a quelque chose de changé ? Rien, nada, tu croyais quoi. C’est pas grave, allons. Nous traversons une zone de turbulences. Veuillez garder vos ceintures attachées. Ne tentez rien, surtout, et on ne bouge plus, s’il vous plaît, et on ne respire plus, et on contrôle absolument tous les réseaux d’échanges, hop, hop, silence is required, tais-toi, et il faut que j’arrête de pleurnicher, et il faut que j’arrête d’espérer, de réclamer, de bougonner, et je me prends un retour de boomerang en pleine gueule, fatalement, et je suis lucide, encore une fois, et le constat est sévère, alors il faut que je récupère, bien entendu, parce que la complainte est obsessionnelle, et compulsive, et elle m’épuise, et elle se décharge, et c’est incontrôlable, et il faut la figer quelque part, la laisser à sa place, et reprendre les bases, hop hop, une pelle, hop hop, une truelle, et alors je colmate, et alors je rebouche, parce que je reconnais les symptômes, vous pensez bien, hein, et parce que je ne sais pas encore du tout quelle scène se répète, enfin si, en même temps, puisque je connais les répliques, et le début, et le milieu, et la fin, mais je n’ai toujours pas vu la première représentation, contrairement à ce que j’avais pu imaginer, du coup c’est un peu chimérique de viser les oscars, n’est-ce pas, mieux vaut récupérer ses billes et attendre l’irruption d’un nouveau révélateur, moi je ne suis pas réalisateur, oh lala, non, non, moi je suis intermittente du spectacle, tout au plus, voyez, alors bon.
Moi, je voudrais qu’on prenne en charge l’intime. Qu’on me laisse le temps de recomposer, et j’ai besoin de constance, et j’ai besoin de repères, dieu du ciel que je suis lente, c’est à peine croyable, zéro réactivité, capacité de rebondissement proche du manque à l’appel, alors j’en suis à tenter de rappeler mes souvenirs à la rescousse, en vue de financer le voyage à chouineland, probablement, hein, dis, et je me colle la tête dans le sable, façon poisson-pané, et je dessine des mirages, et je confonds les vents, en pleine crise de confiance, sentiment d’abandon, et maintenant je sais que ça me dépasse, que c’est la névrose, la pathologie border-line, les mécanismes de défense, et maintenant je regarde le puzzle en face, okay, je ne vais pas gratter, ni rentrer dans l’introspection, puisqu’il faut que je m’arrête au bord, cette fois, puisqu’il faut attendre un tuteur, et des repères. Je suis agacée, c’est ça la nouveauté. La colère plutôt que la rage. L’impatience plutôt que le découragement. Enfin globalement. Le cynisme, plutôt que la mauvaise foi. Je me terre. Je sais que toutes les idées sont mauvaises, corrompues. Je sais que suis capricieuse, et c’est une question d’humeur. Les eaux troublent la lucidité. Je me berce de tristesse. Je suis toute cassée, je ne sais rien faire. Je me berce de rancoeurs et de regrets. J’en veux à la terre entière, pour le meilleur et pour le pire. Alors il ne faut rien dire. Rien demander, rien expliquer. Puisqu’après, c’est pire. Je le sais.
Viens pas faire chier.
Ça va passer.
sandwich-club. et j’ai pété mon aspirateur.
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