Chronique #567 : Let’s face it

15 juin 2005 0 Permalink 0
shakedown street – grateful dead
move the darkness from your eyes
C’est comme si j’étais vide et vidée. J’y suis allée, je me suis allongée, j’ai parlé. No big deal. Des mots. Des silences. Et puis l’émotion est là, celle qui coupe la voix. Gorge serrée. Je marche sur un fil. Je voudrais pleurer, seulement c’est impossible. Je ne lâche pas. Je contrôle. C’est du Pavlov, presque, chez moi. Va savoir ce qui fait si peur, va savoir pourquoi cette certitude que le danger est là, au coeur des larmes, derrière la voix. L’impression que je n’en reviendrais pas. Pour la première fois, enfin je crois, pour la première fois depuis des semaines, en tous cas, je suis désemparée. Je ne sais pas, je ne sais plus, je suis perdue. Arf. On t’a pas sonné Michel Fugain, va falloir partir maintenant. Hin hin. Anyway. Je raconte le rêve, j’édulcore, je ne lui parle pas d’ELLE. Je lui mens. Le pire, c’est que ça ne sert à rien. Ça ne change rien, c’est comme si je n’avais omis aucun détail, comme si elle avait deviné ce que j’ai tu exprès. Direct target. En plein dans le mille. A croire qu’ELLE lit, ici. Je ne sais pas expliquer comment ELLE fait. Vachement déroutant. J’attrape la perche et je la planque, je parle avenir et psychanalyse, je balance le gros truc que j’ai jamais osé dire, et bla bla, et bla bla, j’entends qu’ELLE s’en fout comme de l’an 40, je sens qu’ELLE m’attend ailleurs, là où il faut aller, très chère, là où se niche la terreur, et la séparation. Je fuis, as ever. Y a rien à voir dans ce coin là. Hop hop hop. Regardez, regardez, tous ces autres symptômes. La somatisation, par exemple. C’est dingue, tout de même, vous trouvez pas ? J’enquille les lapsus les uns après les autres, je soupire, je suis lasse, lasse de moi, oh mais peut-être que faire comme si ça n’existait pas, comme si je n’étais pas là, c’est une façon de m’interdire de penser que ça va s’arrêter, vous croyez pas, dites-moi, est-ce que c’est pas formidablement formulé cette théorie qu’on pourrait lire en couv’ de Marie-Claire, hey, t’as vu comme je suis balaize, un peu, dis, oh, et puis merde, je suis perplexe, et découragée, je ferme les yeux, ce qui n’est jamais arrivé, et c’est presque comme si je m’endormais, presque comme si les mots coulaient d’eux-même, je ne sais pas ce que je dis, je ne sais pas où je vais, je suis fatiguée, très fatiguée même. Je vous trouve un peu sévère avec vous. Il n’y a que moi qui refuse d’écouter l’avis de la terre entière. Et alors on bifurque, et alors on change de terrain, enfin on pourrait croire, mais bien sûr c’est du pareil au même, je me mouche avec du vinaigre, et pourtant on y est presque, c’est tout près, tellement près que c’est insupportable, cette raideur, quand on me touche.

Joe Dassin me cueille comme un fruit trop mûr, ça m’apprendra à écouter la radio dans la voiture. Et si tu n’existais pas… Je pourrais faire semblant d’être moi…
Mais je ne serais pas vrai.
Les larmes, encore. Et puis le rire, l’ironie à la rescousse. Je vais pas chialer sur du Joe Dassin tout de même, on croit rêver. La soirée est exquise. Pile comme il fallait. J’observe. Instantanés. La vie en vrai. E. dit qu’il faut arrêter de se regarder le nombril, pour pouvoir y participer, et que ça soit drôle, bandant, et c’est le minimum, d’ailleurs, le minimum auquel on est en droit de s’attendre, que la vie soit excitante, ma grande. Il faut baisser la garde. Abdiquer. Admettre l’attachement, la force du lien, le transfert, les sentiments, tout le bordel.

Ouais, il faut. Même si c’est un challenge autrement plus difficile qu’aller faire la cake toute habillée dans l’eau glacée, oui, oui, évidemment.

Sigh.

Vais peut-être me proposer pour remplacer Caroline Alexandre, tellement j’interprète les signes sans jamais me tromper, en ce moment… intuition magique, arf.
(wrote at loft)

No Comments Yet.

Leave a Reply

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *