
my baby just cares for me – nina simone
et sinon, à part ça…
Voilà voilà. Les instructions ont été transmises. Alors on va se calmer, hein, au quartier général. On va arrêter le cinéma italien. Plus le moment de faire n’importe quoi. C’est dingue, c’est à chaque fois la même comédie, à présent. Tu fais sauter les verrous. Un par un, pied de biche à la main. Tu reconnais l’instant. Ta voix qui se brise, l’émotion à fleur de ventre. Au coeur de l’estomac. Plus haut, il y a tes yeux qui se noient. T’es sur le fil. Ultime résistance. Tu peux encore reculer. Refouler, enfermer. Il faut y aller. Putain c’est dur. Les mots qui sortent, allez, tu vas y arriver. Comme un accouchement. Tu reprends ton souffle. Ça suffit, maintenant. C’est bon, t’as plus quinze ans. C’est marrant que tu penses tellement à eux, en ce moment. Mémoire increvable. C’est marrant parce que les gens d’entre-temps, tu t’en fous complètement. Tu n’y penses plus autant, y en a même que tu comprends. Tu sais pas pourquoi tu t’es persuadée comme ça, pourquoi tu as toujours été certaine de ça. Troubles de l’image corporelle, rapport à la mère problématique. C’est écrit quelque part. Tu regardes les photos, et tu comprends pas. C’est bien simple, tu comprends rien. Tu commences à te dire que ça n’avait rien à voir, tout ça. Que c’est pour ça qu’ils ne pigeaient rien, à l’époque. C’est bizarre, quand même. Que ça soit si important. Que ça déforme tellement. Tu n’arrives même pas à l’écrire, c’est dire. Mais bref. Tu comprends pas pourquoi tu l’as inventé, ce mécanisme là. Ce qu’il a fallu défendre. C’est vachement loin, tu le sais bien. Super lointain. Tout ceci n’a rien à voir avec rien. Voilà, c’est là que tu en es. T’imprimes aucun mot, tu laisses tout ouvert aux courants d’airs. Non mais c’est pas vrai. Que c’est saoûlant, à la fin. Hop hop. Calmons-nous, calmons-nous. C’est pas OBLIGÉ de t’exciter. Tu poses les nouveaux repères. Attention, faut suivre. Bien. Donc. Si *ça* était une espèce de bouc-émissaire dont tu ne vas plus avoir besoin, étant donné que c’est bien connu que c’est jamais le principal coupable, le bouc-émissaire, ou sinon il ferait autre chose, comme activité, dans la vie, et bien donc quand *ça* disparaît, il reste quoi ? La trouille, ma chérie. As ever and ever. The syndrome of the abandon. Tralala tsoin tsoin. Tu étais à des années lumières d’imaginer que ça puisse être un syndrome, l’abandon. Cartésienne, comme ton père. Et puis bon. Ta mère, elle t’a jamais abandonnée, bien au contraire. Elle était là tout le temps, super-intendante à plein-temps. Alors évidemment, tu vois pas trop le rapport… La trouille de l’abandon. Han quelle trouvaille. C’est la peur de tout le monde ça, voyons. Et puis tu découvres avec stupéfaction que non. Enfin si, un peu, quand ils y pensent, c’est à dire pas souvent. Ah bon. Toi, tu pars du principe que c’est fatal. Toi, tu considères que personne ne peut te désirer, jamais. Tu ne te trouves pas belle. Voilà c’est dit. Tu écoutes, quand on te dit le contraire. Poliment, presque. Merci, c’est gentil. Mais franchement, c’est pas la peine de vous fatiguer. Toi ce que tu aimes, c’est ton esprit. Au sens littéral du terme. T’en reviens pas. C’est presque vexant quand même, de coller autant aux cas d’école. Blabla corps blabla mère blabla esprit blabla père. Ahah. Mais bref. Ça te parle pas. Tu t’es bien vengée d’ailleurs, de cette saloperie de séquence adn. Cicatrices everywhere. Bras de fer. Et puis tu te souviens des voisins, quand tu habitais là-bas avec lui. Elle, obèse. Et lui, vachement joli. Ils étaient joyeux, amoureux. T’étais ahurie. Pourtant ça t’intéresse pas tant que ça, l’apparence. T’as toujours été amoureuse de la brillance. Le reste, c’est pour épater la galerie quand on s’ennuie… ou bien une cerise sur le gâteau parfois, aussi. Ça n’a pas d’importance. Anyway. Tu entends L. qui te parle d’elle. Avec les mêmes mots que ceux que tu as pour toi. Tu n’en reviens pas. Tu te souviens celles qu’ils ont quittées, celles avec qui ils sont partis. Des moches, des ravissantes. Tu finis par abdiquer, faut bien se rendre à l’évidence. Tu peux chercher toutes les raisons du monde, pleurnicher que tu n’as aucun souvenir, que personne t’a jamais dit que tu étais jolie, que même ta mère tu t’en souviens pas, vous parliez certainement pas de ça voyons, on ne parle pas du corps dans cette famille, et puis la sexualité alors, abonnés absents, welcome chez les bisounours, etc. Oui, tu peux y aller, si t’as que ça à faire. Parce que bon. Si on part du principe que tu oublies cette histoire pour l’instant. Que tu la mets entre-parenthèses. Si on part du principe que c’est pas vrai. A la base. Que c’est pas la raison. C’est plutôt vachement rassurant, finalement. Ça veut dire qu’il y a quelque chose à faire. Qu’il est envisageable de se battre, un peu. La preuve. C’est pour ça que c’est terriblement pas pareil, en ce moment. Tu prends ton temps. Tu n’as plus les angoisses d’avant. T’es en plein ravissement, presque la lune sur un plateau d’argent. D’ailleurs, comme d’habitude, ELLE a mis en plein dedans. Une seule balle, et vlan. C’est extraordinaire, la psyK. Fantastique. Tu lui racontes que le seul truc dont tu te souviens, c’est que tu égorgeais ton frère. Celui que tu appelles le Prince Albert, dix minutes plus tard. Elle se marre. En sommes, dans votre rêve, vous avez tué le prince. Ahah. Et voilà. Ça t’apprendra à faire la maline, aussi. A jouer les effets de style. T’as plus besoin d’aller sauver les autres, t’as plus besoin d’être sauvée, c’est ça la vérité. Maintenant faut surfer.
Quel pied !
sweet hugs to lady millie & carrie jones, as we landed in same soap ;)))
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