Chronique #535 : Absolutely Fabulous

29 avril 2005 0 Permalink 0
for once in my life – stevie wonder
that’s the new words for today
Waow.

T’as pas fini de pleurnicher, mais tout de même. Qu’elle est bien, la vie, en ce moment. T’es perchée vachement haut. Bien sûr, à un moment, tu vas redescendre. So what. Tu te glisses dans l’euphorie et ça fait comme un cocon autour, oh c’est pas parfait bien sûr, si tu y réfléchis, c’est encore un peu fouilli, mais tu t’en fous, voilà, c’est ça, tu t’en fous. La rage est endormie. Tu relativises. Y a pas de raisons. Vade retro parano, tu nous fatigues, tu vois. C’est bon, t’inquiète pas. Il y a juin, et puis il y a juillet. Ensuite il y aura septembre. Entre-temps, le mois de ton anniversaire. Ça va aller, je te dis. C’est fini. Tu t’envoles, tu souris. Bientôt tu seras partie. Va falloir que tu te poses, que tu fasses des listes. Que tu répertories. Tu repousses à lundi. T’as envie de rêver, t’avais perdu l’habitude, et même tu te souviens pas bien l’avoir eue. T’as été obligée de tout faire péter, pour comprendre. Encore l’été dernier. Plutôt pourris tes étés ces dix dernières années. Surtout la fin. Même pas peur. C’est fini, je te dis. Tu vas penser à lui. Tu vas t’ouvrir à ta vie. Je sais pas pourquoi il faut que je te rassure, tout le temps. Enfin merde, tu le vois bien, que j’ai raison. Ça n’a rien à voir avec l’humiliation. C’est curieux, depuis que t’es rentrée, tu fuis son regard. Comme si elle allait pouvoir voir, ou lire, comme si tu ne pouvais plus cacher, comme si il y avait quelque chose que tu veux pas lui montrer. Tu te demandes ce que c’est. Ce qui a changé. T’es gênée. Tu trouves qu’elle a vieilli, tu la penses fatiguée. C’est pas forcément vrai. Tu te prépares à partir, et cette fois c’est pour de bon, on dirait. «Désolée, mais j’ai trouvé ma vie, et c’est pas celle que t’imaginais». Ahem. «Que j’imagines que tu imaginais», pour être plus honnête. T’as aucune idée de ce qu’elle a projeté sur toi, ta mère. Vous n’en avez jamais parlé, ou seulement par bribes, alors tu as inventé ses désirs, si l’on peut dire. T’as hâte de partir. Comme si tu voulais fuir. Va falloir dire au revoir. Ça fout un peu la trouille. T’as pas envie de lui dire. Pas envie de la voir pleurer. Tu sais pas trop où t’en es. Tu voudrais être détachée, parce que c’est tellement bien, la vie que tu te fais. Les autres, tu veux plus les voir. Celles qui ont tout foutu en vrac, celles qui lui ont volé son euphorie. L’éternelle victime, et son meilleur supporter. T’en as marre. T’as pas envie qu’ils voient que t’as compris, t’as pas envie de leur dire, de te fâcher à vie. On s’en fout du pourquoi, finalement. C’est vrai que c’est plus difficile quand il n’y en a pas, quand on cherche, quand on ne sait pas. Mais c’est pas grave, c’est pas grave, tu vois. Tu cherches plus à convaincre, ni à te couler dans aucun moule. C’est comme ça, voilà, c’est moi. Que ça te plaise, ou pas. T’as été construite comme ça. Le truc à faire, c’est étudier le mode d’emploi. Tester les limites de résistance. Etudier, photographier. Comprendre, disséquer. Voilà, donc ça, c’est fait. Pas la peine d’y passer mille ans, on n’a pas le temps. C’est joli la vie, en ce moment. Assez surprenant. Tu te laisses porter. Tu apprends à jouer. Tu t’amuses beaucoup. T’as cassé l’écorce, le reste on s’en fout. Tu vibres, et tes rêves sont joyeux. Un peu d’excitation, et il en faudrait encore plus, il faudrait te fatiguer physiquement, alors tu fixes des dates, et des échéances, pour t’obliger à avancer, plus vite, inverser la tendance, et réorganiser ton rythme, alors tu lâches du lest sur le reste, tu ne planifies rien comme avant, et ça fait du bien, oui ça fait du bien, cette vie dans le réél. Il a pas tort, ton inconscient.

Tu devrais l’écouter plus souvent.

hey, faut tout de suite réouvrir la porte du couloir, j’ai pas eu mon histoire !

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